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Matthieu et Didier
Les Madys

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Les Madys sur le toit de notre 404...
École Nationale d'Annie Fratellini à Paris porte de la Villette 1981.©Photo :Pascale LR.

Le mercredi et le samedi, Didier suit plusieurs types de cours à l’École du cirque : il s’initie à l’art du jonglage, au fil, à la danse classique, au mime... S’il n’a pas d’atomes crochus avec le milieu du cirque et peu d’aptitudes au départ en acrobatie, il se prend vite au jeu : l’école de-vient vite un prétexte pour fuir la maison et s’évader. Son professeur, Louis Moustier, aborde le cirque sous la forme d’un jeu, générant ainsi une motivation naturelle. Didier suit avec plaisir ses enseignements, jusqu’au jour où « Loulou » le convoque, avenue Marc Sangnier, pour lui présenter un autre élève de l’école : Matthieu Dangy. Le professeur leur tient alors ces propos : « Il va falloir être sérieux. Si vous l’êtes, je vous monte un numéro. »

Si Didier n’a pas décidé spontanément de s’orienter vers l’univers du spectacle, il s’agit d’un choix délibéré pour Matthieu : très jeune, il nourrissait déjà une passion dévorante pour l’acrobatie, faisant de cette discipline un élément central de sa vie. Né à Paris, il était le dernier d’une famille de quatre enfants.

Matthieu, 12 ans, École nationale du cirque d’Annie Fratellini, avenue Marc Sangnier, Paris vie a oscillé entre Paris où son père exer- çait sa profession de dentiste, et Fontaine- bleau où sa mère, photographe, a fini par s’établir. Mais Matthieu s’ennuyait dans le grand appartement parisien : il a alors décidé de donner au couloir l’allure d’une piste de cirque en fabriquant un trampo- line avec une planche et des matelas. Tous les samedis, il inventait avec sa cousine Fa- bienne Jullien des figures plus incroyables les unes que les autres. Ils ont décidé de monter un spectacle dont la finalité était de traverser un cerceau de feu en faisant un saut de l’ange, le matériel étant bien évidemment confectionné par leurs propres soins..

Matthieu avait alors douze ans lors-qu’il a exécuté son numéro devant toute la famille, et même s’il lui manquait la tech- nique, il s’imposait des exigences d’élégance. Il apprend à la même période que l’École du cirque d’Annie Fratellini vient d’ouvrir, Porte de Vanves. Poussé par la curiosité, le jeune garçon de 12 ans s’y rend et s’y inscrit. Il découvre alors le trapèze avec Andrée Jan, la première femme à pratiquer cette discipline accrochée sous un hélicoptère au-dessus de la Tour Eiffel. Il suit les divers enseignements proposés et se fait remarquer lors du cours d’acrobatie de Louis Moustier grâce à son pseudo saut périlleux. Ce dernier, fort pédagogue, lui apprend d’autres figures : Matthieu est comblé, le cirque fait désormais partie intégrante de sa vie et devient peu à peu sa nouvelle famille, puisqu’il lui arrive fréquemment de dormir sur place dans les caravanes de ses copains. Une vie de rêve pour un môme de 12 ans ! Talentueux, il apparaît immédiatement dans le charivari, lors de la Première bourse du cirque de demain au Cirque d’Hiver. Malgré son trac, c’est un succès et Annie Fratellini lui propose alors de partir avec le Nouveau Cirque de Paris pendant l’été, en roulotte, pour une tournée de cinq semaines.

 

Si Louis Moustier a voulu réunir les deux garçons talentueux, c’est pour leur annoncer qu’ils pouvaient monter un numéro ensemble, estimant que leurs gabarits étaient complémentaires. Ne comprenant pas tout de suite ce qui leur arrivait, les deux jeunes acceptent immédiatement la proposition. Pour Didier, cette opportunité constitue l’occasion rêvée de prendre son indépendance et de vivre sa passion. Matthieu, quant à lui, manque de tout arrêter lorsque sa mère part vivre à Fontainebleau. Prendre les transports pour se rendre à Paris est compliqué. Il se met alors en tête de trouver une chambre de bonne. Il va voir Louis Moustier dont le fils loue une chambre rue Dorcel et parvient à le convaincre de la lui céder. Ce tournant est décisif dans la vie des deux jeunes garçons : plus rien ne va venir faire obstacle à leurs répétitions ! Loulou décide alors d’un nom de scène, ayant pour origine la contraction de leurs prénoms : les Madys. Peut-être avait-il également pensé au sens du mot anglais « mad » qui signifie « fou » et qui convenait parfaitement pour le type de numéro présenté.

(Extrait du livre "éclats de scène de Didier Pallagès).

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